Adrienne Gnandé vend du riz sur le marché Gouro, un marché très animé d’Abidjan, en Côte d'Ivoire. Ce riz provient de l’ouest du pays où elle est elle-même agricultrice. « C’est fait en Côte d’Ivoire, c’est moins cher et ça a meilleur goût, » explique t-elle aux gens qui passent devant son stand.1
La concurrence des importations bon marché signifie que les marges sont
bien réduites pour les producteurs de riz et les petits négociants
ivoiriens comme Mme Gnandé. Vers le milieu des années 70, la Côte
d’ivoire était auto-suffisante en riz, mais sous la pression des
donateurs internationaux, l’entreprise rizicole nationale a été
privatisée, le soutien public à la production démantelé et le marché
ouvert aux importations. Il n’aura fallu qu’une vingtaine d’années pour
que les deux tiers du riz consommé dans le pays proviennent d’Asie.
Ces importations ont généré d’énormes bénéfices pour la poignée de
négociants internationaux en céréales et d’hommes d’affaires locaux
influents qui dominent le marché. Mais elles ont eu des effets terribles
sur la production locale. Seuls le travail acharné et l’ingéniosité des
agriculteurs et des petits négociants ivoiriens ont réussi à maintenir
en vie une production locale de riz.
Aujourd’hui, la situation est en train de changer. Les prix
internationaux du riz ont explosé en 2008 et ne sont pas revenus aux
niveaux d’avant la crise. Le riz local coûte actuellement 15 pour cent
de moins que les importations et la demande augmente avec la production
et les ventes.2 Des femmes négociants en riz ont récemment formé plusieurs coopératives et ont même créé des marques de riz local.
Mais cela n’est pas passé inaperçu chez les gros négociants de riz :
les responsables mêmes de la démolition du secteur rizicole en Côte
d’Ivoire – le gouvernement, les donateurs et les entreprises - se
liguent aujourd’hui pour en prendre le contrôle, de la ferme au marché.
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